Séraphin Cart-Grandjean

09/08/2021
Séraphin Cart-Grandjean

Séraphin Cart-Grandjean naquit le 14 mai 1828 à Mouthe, avant-dernier d’une famille de 8 enfants (5 garçons, 2 filles et une demi-sœur).

Son père Louis Joseph et sa mère Marie Julienne, née Courvoisier, étaient meuniers cultivateurs au Moulin de la source du Doubs. Ils partirent s’installer au moulin de Sarrageois dans les années 1840.

On ne connaît aujourd’hui que très peu de choses sur la vie de Séraphin, comment et avec qui il a appris l’horlogerie et à quelle date il a quitté Mouthe. Il se maria en 1868 avec Victorine Philomène Paillard aux Villedieu et le couple exploita une ferme au village. La famille s’agrandit donnant naissance à 4 filles et 1 garçon mais les époux perdirent en 1871 une fille de 3 ans, Marie Joseph Berthe. En août 1881, sa dernière fille Esther Valérie Elisa mourut à l’âge de 40 jours puis sa femme en novembre. Séraphin s’éteindra le 15 septembre 1882 aux Villedieu.

Paysan-meunier-charpentier-horloger, Séraphin fit certainement partie de ces paysans du Haut-Doubs devenus artisans, confrontés aux longs hivers et isolés par des chemins peu praticables. Ces activités secondaires dans de nombreux domaines leur permettaient un complément de ressource appréciable.

L’horlogerie apparaît dans la région vers la fin du XVIIIe siècle. C’est celle des «petits paniers». Certains paysans ce sont mis à fabriquer et à travailler des pièces d’horlogerie durant la mauvaise saison pour des manufactures qui les assemblaient et en assuraient la vente. Sans études, ils ont acquis au fil des années un savoir-faire extraordinaire qui s’est transmis de génération en génération, donnant naissance au génie horloger.

L’horloge astronomique de Mouthe :

Séraphin Cart-Grandjean réalisa une pièce unique, certainement le chef d’œuvre de sa vie. Elle porte sa signature «Séraphin CART MOUTHE 1855». Passionné par l’horlogerie, il consacra une partie de sa vie à découvrir et à étudier l’astrologie en dehors de ses activités. Sa soif d’apprendre, son savoir-faire et son génie créatif lui ont permis de concevoir cette si belle horloge. Les spécialistes estiment qu’il lui a fallu 10 années pour aboutir son projet. Elle fut construite à Mouthe. Ses dimensions sont imposantes, haute de 1.80 m, longue de 0.90 m et d’une profondeur de 0.80 m. Séraphin a commencé à la réaliser à partir d’un mouvement de comtoise des établissements JOBEZ de Morez. Il a su y ajouter divers mécanismes et périphériques entrainés par 7 contrepoids pour en faire une horloge astronomique. Au nombre de 14, les cadrans donnent les heures, les minutes, les secondes, le jour de la semaine, les mois, les années sur un siècle. D’autres indiquent la position de la terre, le lever et le coucher du soleil, le zodiaque. Les 29 phases de la lune sont montées sur une chainette qui la situe sous le ciel et en marque les quartiers. Un astrolabe positionne le soleil selon la période de l’année. En haut sur la façade principale, un cadran indique les saisons. Au changement de celles-ci apparaît un personnage les symbolisant. Au centre, les 12 apôtres défilent en fonction des heures. Leurs mains droites frappent une cloche avec un marteau tandis que de leurs mains gauches, ils tiennent un symbole permettant de les reconnaître… Une boite à musique, de 3 sonneries réglables, annonce les matines, le midi et l’angélus.

Après bien des péripéties que vous pouvez découvrir à la lecture du Mouthy n°32, (http://www.mouthe.fr/fichier-telechargement/1424450189-mouthy-32.pdf) l’horloge a été finalement rachetée par le Musée de l’Horlogerie de Morteau où vous pouvez aller l’admirer aujourd’hui.